2016 en revue

Ma petite revue pour l’année qui vient de se terminer…

Commençons par les fleurs.  Mes petites fleurs, en fait, mes petites préférées de 2016, dans un ordre aléatoire, affublé de commentaires sur certains aspects du marché purement non objectifs.

slkSchoune Lambic Kriek :  Ma nouvelle préférée après leur Spontanée qui serait l’une dont je vais le plus m’ennuyer (celle-ci étant remplacée par le P’tite Gueuze, vraiment pas mauvaise, plus constante mais moins extrême aussi).  On m’a aussi vanter la cassis de Schoune qui était bien, mais pas à la hauteur de cette kriek, facilement l’une des meilleures du genre.  Et ça fait du bien de voir que Schoune est passée d’une instutition douteuse (tel qu’entendu « ah moi la Schoune c’est pour leur spontanée, le reste c’est douteux ») à  une microbrasserie à surveiller.  Le rebranding de leurs bouteilles n’a certes pas nuit non plus.

bdjvBroadway Pub Don Juan Rhum + cognac : c’est fou ce qu’un pourcent de plus d’alcool et un vieillissement en fût de chêne peut faire à une bière, alors que l’édition régulière de la Don Juan m’avait laissé plus que neutre (avec une note de C+) ici on est en total terrain de succès, avec une profondeur vraiment difficile à égaler.  2016 a vu un nombre encore plus élevé de brasseries artisanales faire le saut au vieillissement en fût de chêne, souvent avec de très bons résultats.  Toutefois, j’ai toujours de la misère à justifier une bouteille à 8$, 10$ voire 20$ (spécialement celle de la Réserve du Picoleur à 375ml) alors que la Stout Impériale Russe de Frampton Brasse se détaille toujours à environ 4$ (heureusement celle de Broadway a un prix respectable).

ecsL’Esprit de Clocher La Surnaturelle Berliner Weisse :  MA bouteille tout aller, et en compagnie de la Nuit d’Automne de Frampton Brasse celle que j’ai le plus acheté en 2016.  Difficile d’ignorer la mode des bières sûres cette année, mais ici au lieu d’y aller dans la facilité et de la mélanger à des fruits, on a opté pour une levure particulière qui arrondit la bière sans pour autant la rendre ennuyante.  Un brassin sur ma liste de chasse dès qu’il revient l’an prochain (ça serait un crime de ne pas la refaire!), trippant autant pour le beer geek que pour les amateurs de petits drinks d’été.  L’Esprit de Clocher ne sont peut-être pas les plus volubiles en terme de nouvelles sorties, mais il est difficile de trouver des défauts aux potions qu’ils concoctent.

hbdh2015Hopfenstark Boson de Higgs 2015 :  Encore un brassin de malade pour une microbrasserie qui fait souvent bien mais jamais stellaire… outre son boson de Higgs.  Un mélange de berliner weisse, de rauchbier et de saison… c’est un hasard s’il s’agit de 3 de mes types de bière favoris?  Dommage – un autre crime – qu’elle soit si difficile à trouver.  Toutefois, ça paye parfois de sortir des sentiers battus; d’ailleurs, mention honorable ici à Oshlag avec ses bières de maïs bleu, on se demande où la folie va se terminer, mais sûrement l’une des micros à surveiller pour 2017.

alfevgA la Fût Vieille Gueuze Assemblage III 2011-2015 :  d’un côté des gueuzes, la Spontanée de Schoune, sèche et ô combien efficace.  De l’autre celle d’À la Fût, plus ronde et un peu plus variée.  Une bouteille sur laquelle on peut aussi se permettre d’attendre avant de déguster et pour laquelle la déception est presqu’impossible.  Seul défaut : son prix autour des 20$, mais avec une partie de la bière datant de 2011, ça explique en partie.  Avec celle-ci, leur Rouge de Mekinac maintenant en rotation plus régulière et leur Weizen sûre, À la Fût n’ont peut-être pas la reconnaissance qu’ils méritent.  Par exemple, Auval fait de bonnes bières, mais le hype les entourant devrait être tout aussi mérité pour les cowboys de St-Tite.

Mentions honorables.  Certes, Unibroue n’est pas la plus risqueuse mais avec Dave Mustaine et leur A Tout le Monde, ils ont sû prendre une belle tangente avec probablement l’une des meilleures collaborations musicien-brasserie.  Dans le sempiternelle combat Megadeath/Metallica, une saison hyper buvable est 100 fois meilleure qu’une pseudo-bière spéciale, de toutes les sortes peu originale possible une Budweiser.

Un beau salut à Beau’s aussi, qui continue de s’acharner à percer le marché du Québec.  À ce jour, je n’ai rien essayé qui m’a fait dépasser la note de B+ mais leurs efforts – redoublés par des lois ontariennes encore plus contraignantes qu’ici – vaut des applaudissements.

bcblhEnfin, comme j’ai trop de favorites sur un pied d’égalité au Québec cette année (Esprit de Clocher, À la Fût, Oshlag, et j’en oublie), je vais donner mon titre de microbrasserie hors Québec à Brothers Craft Distilling d’Harrissonburg en Virginie.  De la variété (ma première Sour Stout), de la solidité dans ses classiques (comme sa Helles) et de la retenue jusqu’à dans sa bière d’automne où l’on a sû se modérer sur la cannelle.  Et surtout ma première – et probablement la première au monde – « french toast ale ».  Qui goûte les french toasts mais avec une bonne dose de houblons pour bien équilibrer le tout.

Alors, on prend une pause de quelques jours, et on repars en force.  Les fermenteurs ne risquant pas de chômer en 2017, avec la nouveauté qui reste toujours un plaisir renouvelé, votre humble serviteur continue son exploration.

Bière Intempestive Extra-Mi-Forte

tddaEn tant que critique, ce n’est jamais amusant de « planter une bière » (bien, peut-être parfois).  Intimidant même lorsque l’on doit retourner dans la microbrasserie qui l’a conçue, même si les brasseurs sont généralement compréhensifs.  Même chose lorsque le temps de pointer certains défauts: la réponse « ah oui, alors pars-toi z’en donc une microbrasserie » peut être valide.  Mais bon, le sujet de cette chronique, je le traîne depuis un bout et c’est le temps que je ventiles.

Commençons dans le vif du sujet par une liste de questions:

C’est quoi une « pugnace bière forte »?
À quand la bière avec une etiquette toute noire, Metallica Black Album Style?
Il est où le pourcentage d’alcool?
Le contenu, le contenant ou l’historique?

L’une des plus incriminantes: cher Trou du Diable (qui autrement font des bières hallucinantes comme la Dulcis Succubus), qui visez-vous en inventant des types de bière comme « bière illuminée » ou une « bière universelle », l’artiste hipster à la recherche d’un breuvage poétique ou les tripeux?  Certes, vos bouteilles sont belles et colorées, mais avec vos noms non significatifs et vos descriptions ésotériquement inutiles, quand je peux lire que la Albert 3 Le Singe de l’Espace vise tout d’abord les zoophilbmwes, ça ne m’incite pas à l’acheter.  Et le clin d’oeil à Jean Chrétien est bien amusant, mais pourquoi affubler le tout de nom de « bière pugnace ».  Ça veut dire quoi tout ça?  Quand je rentres dans mes établissements favoris de bières de microbrasserie, j’ai généralement trop soif pour retourner tous les bouteilles.  Je suis peut-être rétrograde, mais je  risque davantage de sélectionner une bière qui présente ses couleurs, parce qu’avec les cannettes et les bouteilles foncées (un must pour éviter l’effet skunk du soleil sur mon breuvage préféré) difficile de juger du style sans sa couleur..

Ceci dit, de l’autre côté, il y a tout de même une balance à respecter.  Considérons par exemple la Grognarde: être bref c’est important, mais il faut savoir attirer le regard un minimum.  À moins d’être un bon beergeek, comment être attiré par une étiquette qui a l’air d’être fait à la série pour économiser le plus possible.  Au moins on a mis le minimum mais il y a moyen de rendre le tout un peu plus vivant.   Et encore, le Bien & le malt mettent le pourcentage d’alcool, ce qui semble être une règle d’or – ou même une loi – au Québec.  Ce qui n’est pas requis aux États-Unis.  Suis-je le seul à savoir s’il boit une bière (ou plusieurs) à 5 ou 10% d’alcool?

rebaleMais encore faut-il parler de la bière.  Qquand je regarde certaines bières d’Unibroue, je me rappelle presque davantage de mes cours d’histoire de secondaire 4 que le goût de leur splendide Fin du Monde.  Un petit peu d’histoire oui mais je bois une bière, je n’écoute pas History Channel.  Mais bon, tant qu’à, j’aime mieux l’histoire de Trois-Pistoles que celle du grand-père du vigneron, tel que déjà vu sur certaines bouteilles de vin.

Enfin, il y a mauvaise description et manque de description, mais aussi la catégorie « c’est mon neveu de 13 ans qui a fait mes étiquettes ».  Ici, au Québec, impossible d’outrepasser à peu près tous les produits de la Schoune.  Mauvais graphisme, images en cut-and-paste mal fait, ou bien image carrément ringarde,  avec en tête du proue du kétainisme la Reb’Ale, qui marie fille de calendrier de garage des années 80 et jeu de mots digne du même étudiant de secondaire 2.  Et malgré qu’on m’a dit qu’en plus leurs produits restent pour « une clientèle plutôt restreinte », je n’ai qu’à me fier à leurs étiquettes pour rester loin de leur création.  Encore une fois je suis premier niveau, mais comme depuis longtemps connu dans les vins à la SAQ, une belle étiquette est souvent le premier facteur d’achat.  Peut-être pas le seul pour moi, mais comment croire à la qualité d’un contenu quand le contenant en a peu ou pas?

deserablesEt tant qu’à rester dans le domaine des étiquettes dessinées de 13 ans, que dire de celles du Grimoire?  Bon, un peu mieux designées, mais disons que les filles ringardes et autres images ne servent pas bien à vendre… autant que le « poème » descriptif qui décrit aussi bien la bière que les pires textes du Trou du Diable.  Le tout affublé de certaines des pires jeux de mots de l’industrie (Désérables, Malt Aimee, Noire Soeur), ça ne fait pas très professionnel, spécialement pour une bière qui se trouve dans la plupart des épiceries du Québec!  Finalement, bravo pour la mention « Édition limitée »… limité à mon petit magasin de bières de micro préféré, mais aussi chez mon boucher et à l’épicerie près de chez moi.

alfmAlors si c’est fabriqué avec passion, chers microbrasseurs (ou macros comme Unibroue) d’une part donnez-vous la peine de faire quelque chose à la hauteur de votre fierté, mais restez de bon goût et sachez être descriptifs.  Des bons exemples: Dieu du Ciel ont une belle ligne, facilement identifiable, qui a certains échecs mais qui en général sont très belles et bien complètes (par exemple la Rigor Mortis).  Sinon, dans le format plus limitatif de la cannette, À la Fût (oui, j’ai sû passer par-dessus le très mauvais jeu de mots) font des bières qui sont colorées, bien décrites et attirantes, le tout dans un format qui semble économiquement avantageux.

Il ne faut pas toujours se fier aux apparences.
Il faut lire un peu sur le sujet pour ne pas passer à côté de trésors bien cachés derrière d’horribles etiquettes.

Mais un beau visuel, ça restera toujours l’un des meilleurs appâts.  Pour la bouffe, la bière et les blondes.