Le Presbytère (Collab Guy Bellemare) Réserve de Noël Quadrupel aux épices 9.3%

La bonne vieille bière de noêl.  Bon, disons, vieille bière de noël car pas toujours bonne.  Des épices oui mais pas obligé de répandre le pot au complet de nous.

Cote OO : B+

Davantage un voyage qu’une fête annuelle.

Sur la cannette, on voit le mot quadrupel avant épices et c’est justement ce qu’on retrouve au nez légèrement anissé et de cannelle modérée.  La texture est molle, un peu caramélisé et emprunte de la signature olfactive particulière au sucre candi.  Toutefois, qui dit quadrupel dit beaucoup de matière et celle-ci était réservée pour la finale, teinte par les mêmes 2 épices et la rondeur de l’alcool, avec l’anis étoilé qui s’en sort bien en restant balancé, LE mot pour définir cette bière de noël.  Trop souvent, on voit trop épicée (spécialement avec trop de muscade et de cannelle) ou trop sucrée (sirop d’érable, cassonade), ici Francis du Presbytère et Guy Bellemare ont sû bien misé, en s’inspirant davantage du côté belge de la chose.

Les Grands Bois Robot Vampire II La Revanche des Cannibales Grodziskveik 3.5%

Fusion, c’est facile de faire de la fusion.  Mais on ne peut pas dire que sur le principe, le mélange Grodzisky et Kveik n’attise pas le feu de la curiosité brassicole.

Cote OO : B+

Pas tout d’avoir la bonne idée, il faut savoir la livrer.

À en juger par la clarté très trouble du liquide, aucun doute qu’on a eû la main lourde sur le blé, et sur la fumée aussi qui semble elle aussi bien sentie avec le côté orange collante de certaines kveiks. Peu de surprise en bouche, le mélange levure et céréale fumée fait bon ménage, pas trop amère, pas trop sucrée, pas trop forte ni trop faible : du bon jus qui goûte la bière, pas le jus.  La finale amène un peu plus le fruité naturel du blé, puis la fumée puis le houblon puis le côté boisé des levures.  Une super bonne idée mais une réalisation encore plus solide, comment l’idée s’est rendue à Saint-Casimir on s’en fout tant que c’est bon.

Bièropholie (brassée par Simple Malt) Old Ale Rhum Bière Pirate 9 mois en barriques de rhum 9 mois 9%

Cote OO : B-

Rhum bière. 

Old Ale ou « bière de style anglais en fût de quelque chose qui oublie sa base »?  Il faudra faire semblant d’oublier le nez car il s’agit d’effluves de vanille de fût et de caramel de rhum industriel.  Ça semble bon, ça semble rond, mais le côté « orge funky » de la old ale semble loin.  Le rendez-vous avec les papilles est ensuite un peu maladroit, et prend une éternité (20-30 secondes) pour finalement donner assez de caramel funky pour l’appeler old ale.  Toutefois, il faut la considérer dans l’ensemble et l’ensemble, elle est trop emportée par le baril de rhum sûrement trop mouillé.

Tooth and Nail (Ottawa ON) Truce 2018 Holiday Ale brewed with dried figs, raisins and star anise 9.8%

Cote OO : A-
Le penchant temps des fêtes du brandy dans le réduit d’eau d’érable pendant le temps des sucres.

Si vous avez toujours été habitué au même gâteau aux fruits bon marché (celui de Vachon pour ne pas le nommer) et que vous tombez sur un un peu plus fancy, il se peut que vous soyiez menacés par les épices supplémentaires.  Ici, c’est le double contraire : pas menacé mais ravi, non par les épices mais les fruits secs qui sont olfactivement palpables.  La cerise verte, la noix et l’abricot séché précède l’anis en bouche mais sans même l’avoir avalé, on ne doute pas de son presque-10% d’alcool.  Réconfortante, bien qu’on la siroterait c’est une bière de noël qui se boit à grandes gorgées spécialement par l’anis étoilé qui se goûte même en bout de langue.  Une belle surprise de Tooth and Nail qui semble particulièrement exceller dans les bières d’hiver.

Microbrasserie de Charlevoix 8e Jour Bière extra forte épicée 10%

Cote OO : B-

Sans damnation, ni glorification.

La Charlevoisienne ne cessera jamais de me surprendre par la couleur de ses bières, comme cette 8e Jour avec le démon à l’étiquette, à 10% et contenant des épices, mais qui est malgré tout aussi pale qu’une kristallweizen.  Il est ensuite difficile de trouver quelles épices font partie du mélange (muscade?  Estragon?) alors qu’en bouche on goûte davantage les levures belges assez fidèles de l’établissement.  Enfin, le démon se déchaîne – relativement, par rapport à l’olfactive et la gustative – mais derrière le petit élan de grain et la chaleur de l’alcool, ne subsistera qu’un filet d’houblons tirant sur les herbes séchées, et ce qui semble un faible et chaud baiser d’un piment (je dirais guajillo).  Fine et chaude et traître par un 10 qui goûte un 6 (pourcents d’alcool), mais peut-être pas suffisamment distinctive pour devenir un nouveau classique de la mythique de Baie St-Paul.

Menaud Persil 5.5%

Cote OO : B+

Verte, mais pas celle de la Ste-Pat (lire ici délicieuse).

Fraîche vient facilement à l’esprit dès qu’on la hume, spécialement les notes de romarins frais et bien salé.    Sans même y goûté ça sent la bière festive.  Elle ne se veut toutefois pas si légère en bouche, pleinement houblonnée et un tantinet marin.  Une fois avalée, c’est l’amertume qui se charge du reste, toutefois en conservant un côté herbeux et marinier.  Si vous aimez les bières herbacées, vous serez très satisfait avec ce biberon de persil de mer et de basilic que j’agencerais très volontiers avec une pizza, margerita pour sûr.

Microbrasserie de Charlevoix Bizarra Gorria Blonde aux piments 4.3%

Cote OO : B

Il peut s’agir d’un dilemme : plus épicé pour les mordus ou moins épicé pour tous?  On a opté pour la seconde option ici.

À en juger de son apparence, on pourrait tanguer du côté de la blanche, toutefois il s’agirait d’une blonde, or tandis qu’on y trempe les narines le côté orangé prolonge le sentiment d’orange-coriandre.  Outrepassant le nez d’orange, l’arrivée en bouche est d’abord fruité puis c’est la démesure du piment (on pourrait dire ancho) qui pourrait rappeler directement celui de la Pepper Pale Ale de  Big Slide Pub & Brewery, mais du côté belge davantage qu’anglais.  Or, là où elle perd un peu de panache, c’est que le piment n’est pas assez persistant, on se retrouve donc avec une pale ale pimentée mais pas suffisamment chaude.  Somme toute une bière qui vaut la peine d’être goùtée mais pas assez à terme.

Microbrasserie Charlevoix P’tite Tranquille India Red Session Lager 2.5%

Cote OO : A-

Petite, mais grande.

Sûrement filtrée mais de par sa transparence, mais la couleur est très jolie et appelle de si tôt. Le nez fait très bien le trait d’union entre l’oktoberfestbier et l’IPA avec son malt orangé et son houblon… d’orange.  Pour la bouche, on pourrait croire qu’à 2.5% elle soit transparente et ce n’est totalement pas le cas : sans même l’avoir avalé on avance sur un terrain très certain d’IPA d’automne, tandis qu’en finale on est frappé de deux vagues successives d’orge très sucrée et fermement céréalière et de houblons entre l’Angleterre et les USAs.  Une très savoureuse surprise donc, spécialement si on hésitait entre les pale ales anglaises, les Vienna Lager allemande et les IPAs américaines.

Domaine Berthiaume Le Souffle du Dragon 11.9%

D’accord, Domaine Berthiaume est encore à la fin du 20e siècle question design de bouteille, mais il s’agit néanmoins de leur mieux réussi.

Cote OO : B+

Le souffle est chaud mais la flamme est encore plus belle.

Noire au look et opaque au niveau du nez, c’est le genre à demander une étude plus longue et exhaustive afin d’y trouver fumée de bois carbonisé, prunes, raisins secs, raisins rouges, cèdre et orge bien fermier.  La curiosité attisé on plonge en plein nuage de fumée, le sucre bien loin des papilles si ce n’est que la prune qui tente de se faire remarquer dans l’épais brouillard qui semble aussi chaud, comme si le jalapeno figurait à la recette et viendrait piquer le bout de la langue.  Le piment se veut très évident en finale (guajillo ou ancio?) et vivote bien dans une bière que se simplifie (et heureusement se sucre un peu) au fil des gorgées.  Très tempéramental mais démontre que le choix d’une bière noire et peut-être l’un des meilleurs lorsque l’on veut ajouter des piments (du chipotle finalement).  Berthiaume est loin d’être la plus connue, et ne semble pas être non plus la plus talentueuse, mais à force de sortir de tels élixirs, il faudrait finir par les prendre au sérieux.

La Fosse Flammen Sticke Alt 6.5%

Cote OO : B+

Habituellement, la recette de la sticke alt n’est jamais la même. 

Il est bien de briser les habitudes aussi.

Derrière ses effluves d’abord austère, le malt semble immédiatement langoureusement caramélisé.  Pas de surprise alors de gouter un liquide très lourd, qui saura à grain coups d’orge de convaincre la langue que les céréales sont les ingrédients principaux à une bière.  Comment réagir alors face à ce mur de sucre?  Par du houblon, assez fort et certainement européen (ou d’Inspiration européen, ne pensez pas vraiment du côté des agrumes).  Puis on recommence le cycle sucré-amer, en y découvrant des notes d’orge sablé et de houblon feuillu assez résineux.  Puis on recommence et recommence, et le verre est presque vide avant d’avoir parvenu à identifier un tant soit peu ce vieux secret.