L’Esprit de Clocher Le Vent du Large Gose Acidulée 3.8% (2019) (revisite)

ecvl20192 ans moins 2 mois après sa sortie initiale, l’Esprit de Clocher retourne en mer au gré de leur Vent du Large, qui à l’époque avait sû me charmer.  Qu’en est-il de leur seconde édition et tant qu’à devoir se sacrifier à y goûter, pourquoi pas essayé la version vieillie en cellier, en sachant for bien que la gose n’est pas un style très approprié pour le vieillissement?

À tout seigneur tout honneur, commençons donc par la petite nouvelle qui se veut résolument plus trouble que l’édition vieillie.  Le nez, toujours aussi bien arrondi par les levures, vient peut-être rassurer celui qui pourrait trouver le style trop tranchant.  Pour la gustative, c’est le sel qui attaque fermement et chaudement, alors que la gazéification semble un peu moins serrée qu’à mon souvenir.  La finale revient le sel donner un coup de main à l’orge qui jusqu’alors avait été plus que discret, dans une longueur suffisante pour le style.  Le constat général?  Outre le houblon qui semble moins présent (au niveau du goût d’orange) c’est le même exercice de confort rafraîchissant.

La cote OO : B

Parce que c’est la bière parfaite que l’on ouvre dans un spot de pêche que l’on a pas visité depuis plusieurs années, et qui même s’il ne produit pas la pêche miraculeuse des pêche miraculeuse saura plus que bien satisfaire la nostalgie du pêcheur-buveur.

Puis l’on va à la version vieilli.  Ce qu’on remarque immédiatement, c’est le côté des levures qui est beaucoup moins présent; un peu normal peut-être donc de les voir flotter en partie à la surface.  Au goût même chose alors que les houblons sont plus perceptible mais où l’ensemble est définitivement plus austère.  La finale est par contre plus ronde, mais au lieu du grain c’est encore une fois le citron confit du Sorachi Ace qui vient napper le tout, de manière pas mauvaise du tout.

Est-ce que le vieillissement vaut la peine?  Si on a la place pour se le permettre, oui, pour voir à quel point le temps peut altérer les différents éléments de la bière. Pas au point d’être une meilleure bière, mais une bière différente et surtout intéressante.

Saint-Exupéry aurait capoté : les 2 Ros(é)es des Dunes Blanche à l’Hibiscus et au poivre des dunes 5%

ecrd2C’est l’histoire de la comparaison de 2 blanches, l’une fraîche et l’autre d’un an et 4 mois.  Tout en sachant que la blanche n’est pas vraiment un style de prédilection pour le vieillissement.

Au visuel, on a toute une différence après 5 minutes : la version frâiche est plus pale et sa mousse semble encore totalement intacte.  Au nez, l’aînée présentement légèrement plus pointu que la cadette, et présente davantage le poivre des dunes qu’à mon souvenir (pas une surprise d’en trouver moins à l’olfactive de la fraîche justement.  Pour le goût, ce sont les houblons qui me sautent aux papilles, ainsi que le liquide beaucoup plus vivant qu’au visuel.  L’hibiscus se gardait quant à lui beaucoup plus pour la finale, facile finale d’ailleurs mais avec le poivre un peu plus retiré et l’hibiscus qui me rappelle l’agua de Jamaica du Mexique (en gros, du thé froid de fleur d’hibiscus).

En retournant à la plus jeune, on constate par opposition que le liquide est une peu moins vivante, mais que les saveurs sont plus posées et tranquille.  La finale affiche peut-être un peu plus de povire des Dunes, mais ce qu’on remarque particulièrement c’est que les saveurs sont plus unies, moins dissociées.  Est-ce que ça fait de la fraîche une meilleure version?  Un retour à la première m’indique que oui, car c’est bien d’être vivante mais plus fort ne veut pas toujours dire meilleur.

On attend donc?   Non.  Si j’avais à noter je reconduirait ma note originale à B+ pour la fraîche, et à B- pour l’aînée.  Bon, d’accord, c’est bien pour l’esprit scientifique mais même si l’immobilier de votre cellier le permet, il y a d’autres styles qui s’y prête mieux.  Ceci dit ça me rappelle aussi à quel point la Rosée des Dunes est une alternative intéressant à la blanche coriandre/orange.   Dégustées en hiver alors que le thermomètre affiche moins vingt-deux sous zéro, j’ai presque l’intention que le temps des sucres et le printemps arrive…

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Le Corsaire Dark and Mild Édition 2016 vieillie 2 ans en cellier 5%

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Une brune 2 ans en bouteille, il faut se méfier de l’excédent de mousse.  Et même à ça…

Profondément chocolatée, cette mild ne semble n’avoir que la douceur dans le ton, car dark oui mais l’olfactive suggèrerait davantage « Dark and Deep ».  En bouche un mot : lenteur.  Lenteur du cola qui pénètre la langue, suivi d’une amertume toute à fait apprivoisée et suivie de cacao.  La finale tient plus de la brune anglaise standard qui emprunte aussi à la stout pour son chocolat et son cacao.  La différence entre l’édition régulière et celle vieillie alors?  Elle se trouve principalement au niveau du fruit qui est livré en plus petite quantité et plus tard dans l’expérience.  Maintenant, est-ce que le jeu en vaut la chandelle?  Oui, mais principalement parce qu’elle est facile à trouver en épicerie et qu’elle est peu onéreuse.

La cote OO : A

Parce que c’est le même bon goût, livré encore plus gentiment, mais que ce n’est pas celle qui profite le mieux des mois de vieillissement.  Mais si l’on a de la place à la stocker, pourquoi s’en priver?

L’Esprit de Clocher : Les 2 Coquettes (2017 vs 2018)

On a donc affaire, séparées d’un an et quelques jours, aux éditions 2017 et 2018 de l’harvest ale annuelle de l’Esprit de Clocher.  Il faut savoir que ce type de bière n’est pas nécessairement la meilleure cible d’un vieillissement en cellier, mais tant qu’à l’avoir…

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Au nez, la 2017 surprend par sa sagesse, apportant tranquillement des notes d’houblons moitié anglais moitié californien.  Le grain de son côté est assez mielleux et bien marqué.  Ce même grain est beaucoup plus reculé chez la version 2018, et pour les houblons on semble être plus varié que la plus vieille des deux, y trouvant herbes, feuilles et bien sûr des agrumes.  Pour la bouche de la 2017, encore une fois je suis surpris de trouver une coquette bien marquée par l’orge et l’orange, avec une amertume plus que bien contrôlée.  Puis on conclue le tout avec de l’acidité à la hauteur de l’amertume, bref pour une bière qui est supposée mal vieillir, pour ce qui est de la première gorgée c’est très bien réussi.

On passe ensuite à la bouche pour la 2018, y trouvant une amertume beaucoup plus marquée et franche que la 2017.  Des nuances oui, mais seulement dans les élans d’amertume.  En gorge cette coquette se veut plus posée, laissant passer le grain plutôt vert merci.

C’est en revenant à la 2017 que je suis confondu et convaincu : qui a dit que le houblon frais était de mauvaise fréquentation en cellier?  S’agit-il alors d’une exception?  Une seule solution alors, d’en acheter une autre pour attendre l’an prochain.  Mais pour revenir à la petite nouvelle, c’est une belle démonstration que la vie de tout bon hophead (foublon?) qui se respecte n’est pas complet avant d’avoir goûté à quelques bonnes harvest ale.

La cote OO : Par soucis de transparence, puisque j’ai eû une petite implication dans la récolte du houblon frais pour l’édition 2018, l’objectivité est trop difficile et c’est pourquoi je m’abstient pour cette édition.  Toutefois il ne faut pas hésiter à y tremper les lèvres, spécialement si l’amertume vous intéresse!

Les apparitions surnaturelles

Juillet 2016 et Juillet 2018.  Au niveau des températures moyennes, il n’y a pas photo, mais qu’en est-il pour le vieillissement peu commun de la Surnaturelle de l’Esprit de Clocher?  D’accord, la berliner weisse n’est certes pas le premier – ou le deuxième ou dixième – style qu’on penserait à faire vieillir.  Mais ludique le jeu en reste et voyons si au fil des années celle-ci aurait réagi de quelconque façon au temps passé en cellier.

visiteursOn commence donc par l’édition 2018, certes connue et reconnue.  Même petite pomme aigre et même blé arrondi par des levures pas toutes à fait typique.  La bouche est sèche et pimpante, et la finale toute aussi confortable que par le passé.  Un bon verre facile, rafraîchissant et léger.  On se rappelle pourquoi elle figure aisément dans le top 3 de bières sûres de la région de Québec.

Puis on se tourne vers son aînée de 2 ans, définitivement plus foncée.  Dès le nez, peut-être à la grande surprise, l’acidité est beaucoup moins présente et on se retrouve avec une berliner beaucoup plus douce, comme si la pomme avait laissé de sa place à la cannelle et la vanille.  La bouche est toutefois plus ferme, et la pomme est encore plus présente que dans la benjamine.  Côté finale, on sent que le restant de levures a pris un drôle de tournant aussi, qui sans être rébarbatif est moins invitant.  Spécialement lorsque l’on revient à l’édition la plus fraîche, on voit le manque de balance au niveau du rendu de la bière vieillie.  Est-ce que celle-ci en devient indigeste?  Pas du tout, car elle me rappelle par moment davantage la Russet Rebelle de la Brasserie Générale que la Surnaturelle.

Comme à chaque fois donc, est-ce que l’expérience en vaut la peine?  Non.  À la hauteur d’un « B » versus un « A » pour la version non vieillie, vraiment pas.  Au niveau du nez peut-être mais certainement pas pour la finale.  On ne peut donc que classer ce jeu de comparaison dans la catégorie « le savoir c’est le pouvoir » en se disant que le maximum que l’on devrait la laisser dans le cellier, c’est le temps entre les nouvelles batches.

La Blanche au Prix du Club

Vous avez dit à quelqu’un qui vous aime que vous aimiez la bière blanche et l’on vous fait un cadeau.  D’accord, d’accord, ce n’est probablement pas la plus originale, vous y aviez fort probablement déjà goûté plusieurs fois.  Et là où certains recherche la qualité, ça ne veut pas dire que la quantité ne peut pas être de pair.  On ne peut pas toujours pas s’attendre à une Deus Brut de Flandres ou une Allagash Curieux à chaque fois non plus.

unimons1C’est donc tout de même avec de l’attention que votre généreux donateur – qui peut évidemment être vous-même – a sû choisir une caisse de « micro »brasseries (bon, ok, c’est pas demain qu’Auval devrait arriver au Costco).

On a donc d’un côté la Blanche de Chambly, probablement l’un des classiques québécois, et de l’autre, la trop souvent ignorée Mons de Belgh Brasse.  Deux écoles de pensées aussi.  Alors à quoi s’attendre en comparaison?  Voyons donc « side by side » les deux afin de mieux vous guider dans un éventuel choix futur.

Qu’au visuel, la couleur annonce la grande différence qui suivra, la Blanche de Chambly semblant beaucoup plus belge que son opposante qui semble plus légère.  Cependant, à voir les levures dans les deux verres (celle de Mons étant concentrée au fond) la différence de SRM (teinte) est peut-être dû au choix de malt.  On plonge alors le nez dans la Mons pour y retrouver l’orange mais surtout la coriandre typique des blanches d’été sympathique.  De l’autre côté, la force de la comparaison vient décupler l’aspect plus funky des levures de celle d’Unibroue.  On repasse donc à la Mons et bonjour, citron!  Sans même y avoir gouté, on sent que les buts visés sont très différentes.  On goûte donc à la Mons et oui, c’est l’été dans le verre.  On oublie la coriandre, vive le soleil, surtout en finale où l’éclatante pelure d’orange détonne.  On passe donc à la Chamblyenne pour y retrouver un liquide plus travaillé, légèrement porté sur l’orange oui mais aussi sur les levures qui amène presque du levain. Même chose en finale, qui voit certaines épices (poivre noir, gingembre) ajouter un peu de complexité.

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On recommence donc le jeu.  Craignant de trouver la mons encore plus acide (le citron) mais non, Unibroue semble avoir amadouer Belgh Brasse.  Et que dire de la Blanche de Chambly alors?  Belgh brasse semble faire ressortir les agrumes d’Unibroue.  On prend donc une pause, pour voir si l’on a pas rêvé.  Confirmé!  Cependant, malgré l’appelation « Witte d’Abbaye », si à l’aveugle on devait conclure d’une belge, le titre viendrait probablement à Unibroue.

Mais bon, il faut conclure.  Heureusement, ici c’est aisément déclaré : Printemps ou été?  Mons!  Automne ou Hiver?  Blanche de Chambly.  Il ne s’agit donc pas ici de déclarer la meilleure bière mais la plus appropriée; au-dela de cela, peut-être que la Blanche de Chambly est plus peaufinée mais la Mons plaira probablement à un plus large public.  À vous de choisir, et comme disent les templiers, choisissez judicieusement.

Un conte de 2 églises sur différentes fondations : comparatif vertical du vin d’orge de l’Esprit de Clocher (2015 vs 2017)

D’un côsp1té, Sur le Parvis Vin d’Orge début 2017, de l’autre son « ancêtre » de fin 2015.  On a donc une bouteille de presque 2 ans en cellier, et une autre de 8 mois en tablette (réfrigérée) de dépanneur.

Simplement au visuel, les différences  sont subtiles mais bien là : la mousse de l’aînée est plus fugaçe mais aussi plus compacte.  Côté couleur, c’est à la benjamine de tenir un brun plus profond. Au nez, c’est une belle démonstration du vieillissement : du côté de l’édition 2015 le caramel a sû prendre la place que le houblon a toujours sur la 2017; le grain y semble plus collant et sucrée.

On y va donc d’une première gorgée de la cadette, et c’est plus ou moins les mêmes notes que lors de ma première évaluation : chaude mais pas trop, c’est un bon bouillon intense mais pour l’été, spécialement grâce à son aftertaste bien houblonné à l’instar de certains vins d’orge américains.  On laisse ensuite une minute passer afin de donner une pause aux papilles et l’on replonge dans la même édition, pour être moins brusqué par la plante amérisante.

sp2Une autre minute plus tard, on passe aux choses sérieuses (ou plutôt, plus sérieuses).  L’édition vieillie est beaucoup plus ronde (et moins pétillante, il fallait s’en douter) et plus profondément ancrée dans le malt.  Même chose en finale, où l’on retrouve presque le côté noix du grain.  L’amertume est certes moins profonde mais tout de même présente.  Deuxième gorgée et le constat est maintenant évident : le temps a très bien fait son œuvre ou du moins a permis d’accorder cette bière déjà très belle à mes goûts de vin d’orge un tantinet plus porté sur la chose anglaise.

Avant de conclure, on reviendra aux deux verres de manière séparée, et surprise, le côté plus amer de la 2017 est plus calme.  Pas de surprise du côté de la 2015 par contre, et définitivement, si je mettais B+ à l’édition « normale », l’édition vieillie se mérite très facilement un A-.  Et dire qu’il m’en reste une au cellier.  À l’an prochain!