Microbrasserie de Charlevoix Dominus Vobiscum Lupulus 10%

Cote OO : B+

Certains réussissent mieux que d’autres le saut de boulangerie à la pâtisserie.

Veloutée, du pain habituellement retrouvé dans la bonne vieille Vobiscum, ici la micro de Charlevoix a passé à la pâtisserie d’un gateau foncé et bien touché de muscade, sans pour autant que ça ne fasse trop bière de noël.  Les épices continuent leur chemin jusqu’à la bouche où l’on se rapproche de leurs éditions double et triple plus normales.  La finale est hyper gouteux, toujours en encore la muscade, avec le baiser de houblons belges plus feuillus qu’amers (même si on parle de Strisselspalt, Simcoe et Amarillo).  Le buveur a ainsi droit à un hybride entre la bière de noël (mais en version plus subjuguée) et une double tout ce qu’il y a de plus typique (spécialement pour Charlevoix).

Microbrasserie de Charlevoix Dominus Vobiscum Triple 9% 17 IBUs

Cote OO :  B

Plus haute mais plus basse.  Mais plus haute que la note injuste qu’un évaluateur débutant lui donnait en 2009 (un honteux C+).

Bien que l’ordre numéraire imposerait naturellement de la boire après la Double, cette triple a un nez qui est autrement plus simple et léger que sa sœur.  Elle reste néanmoins florale, céréalière un tantinet et invitante, c’est une bière que je recommande de s’y approcher le nez à défaut de s’y plonger (un petit peu de mousse sur le nez n’a jamais tué personne).  La Karmeleit et son froment vient à l’esprit dès qu’on la goute; nul doute qu’à l’aveugle on la croirait arriver de l’autre côté de la grande marre.  Les fleurs épicées redoublent d’ardeur en finale mais le blé… ou plutôt l’orge, car le blé n’est pas à la recette, surprise qui explique toutefois la texture plutôt liquide.  Au fil des gorgées l’amabilité augmente, mais on doit par contre en arriver au constat qu’elle n’est pas à la hauteur de la double, mais un beau B, ce n’est pas comme si elle n’était pas une bonne bière.

Microbrasserie de Charlevoix Dominus Vobiscum Double (Revisite) 8% 18 IBUs

Cote OO : A-

La messe de Noël; même si vous n’êtes pas pratiquant ça peut rester un très solennel spectacle.  

Le Classique belge québécois avec un C en majuscule, toujours aussi foncé d’un très joli acajou par rapport a son frère triple.  Fortement épicée, on flirte avec la bière de noël ou de garde, spécialement que le sucre candi semble en faible proportion.  Hyper lourde – sans surprise, on y va de grands élans muscade et de cannelle, pas autant qu’en finale ou le caramel du grain et la boulange du sucre candi arrondi le tout.  C’est d’ailleurs dans cette finale qu’on a le plus de plaisir, et que l’on est rappelé que les Dominus Vobiscum (la version double au minimum) garde toujours sa majuscule, spécialement lorsque rebue avec un ou deux milliers de bières de plus.

Malbord La Tripeuse des Bois Blonde Belge au miel et au thym 7% 26 IBUs

mtdbLa cote OO : B

Boucle d’Or : la légèreté parmi les ours.

Foncée comme une blonde d’abbaye (donc belge), ainsi il n’est pas très surprenant d’y renifler un côté de boulangerie et de sucre candi assez fidèle à l’Europe.  Plus de fraîcheur en bouche avec la rondeur du miel qui ne se veut pas trop pesant, le tout conclut dans une finale où le thym donne une touche de vert que le houblon n’amène peut-être pas.  On est pas au niveau de la blanche thym-citron de leur « voisine » de Carleton-Sur-Mer, mais pour y avoir ajouter du miel, l’exercice se veut assez joviale et amusant.  Un exercice jovial (mais encore à 7% il ne faut pas trop abuser) de Malbord qui opte d’une belle recette sensée.

À la Fût Diligence (collab Maltéhops) Quadrupel Anniversaire en barrique de vin d’érable fortifié 9.2%

alfdqaLa cote OO : C+

On attend le Director’s Cut.

Scotch ale, porter vieilli longtemps en fût de cognac ou quadruple belge un peu sauvage sur les bords?  Les 3 à la fois, en rajoutant une touche d’érable subtile, comme on les aime.  C’est donc sylvicole, acéricole et ça a quelque chose du Kentucky aussi.  L’attaque est d’abord basée sur le petit côté plus sauvage des fûts à tendance belge d’À la fût, avec de l’érable brûlé en ligne défensive.  Ça tourne toutefois au gros bonbon solide légèrement anisé, de manière lourde et torréfié.  Sans dire que ça tourne au cauchemar, après un début jovial et une bouche bien variée la finale est trop tumultueuse pour parler d’une bière équilibrée.  On sent toutefois que le baril de vin d’érable y est pour beaucoup et avec 3 autres éditions à venir en 2020 on a déjà hâte à la prochaine.

Schoune La Part du Diable version double blanche assemblage d’une double blanche belge vieillie 6 mois en fut de Riesling et Sauvignon Blanc 6%

spddLa cote OO : B

Faire confiance et boire sans questionner.

Un peu funky ce qui pourrait faire penser à leur P’tite Gueuze avec du vin (blanc, riesling).  Molle en bouche mais la finale est bien goûteuse, avec l’aspect boulanger de la belge qui se veut très rond et qui évite d’amener un peu du caractère extraterrestre ou de déplacé comme certaines bières de Schoune.  Ça se boit tout seul malgré que le vin est un peu trop fort, mais s’il en reste qu’elle n’est pas très belge standard, plutôt wild quasi gueuze agrémentée de sucre candi.

Le Presbytère Ste-Trinité Triple Belge Blonde 8.7%

pstCote OO : A

Vague et ressac; une lente marée où le courant est très fort.

Sous le nez, le froment de la blonde d’abbaye sait immédiatement remplir les attentes avec le côté crasseux et sucré à la fois du seigle, dans ce qui se veut l’un des meilleurs nez du genre, une Grimbergen sur les stéroïdes.  Liquoreuse et visqueuse à la fois, le blé est tellement sucré qu’il en vire au sucre de prune et un peu de pêche, ce qui se veut alors certes pas une expérience légère, il n’y a pas 32 goûts différents en bouche mais le grain et le fruit sont en aller-retour et durent vraiment longuement.  En sachant que les céréales viennent principalement de la Mauricie, à l’instar de la Sir Wallace d’À la Fût, une superbe démonstration de la force du grain et des micros de la région Mauricie/Portneuf.

À la Fût Triporter Assemblage Collaboratif (Sawdust City Brewing Gravenhurst ON) Quadrupel 11.05 & L’Porter Western 7.8%

alftLa Belgique et l’Angleterre dans une collabo québéco-ontarienne?  Why not bout d’viarge!

La cote OO :  A-

Un porter de printemps : frais et sucré.

Malgré qu’on y voit le mot quadrupel directement après le mot assemblage, ce sont les bretts et les épices de la porter qui montent au nez.  Elle arrive ensuite de manière assez sûre et fruité, on est un peu plus en territoire quadruple (pour le sucre) et on semble avoir un autre liquide en bouche que sous le nez.  Puis on avale pour retourner à la stout, surtout après environ une dizaine de seconde où seulement l’orge et les bretts ressortent.  Un superbe assemblage pour les amateurs de stouts sures, où la partie quadrupel est plus difficile à capter mais où l’on a aussi droit à une bière profonde, complexe et simple à la fois.  De l’inattendu de l’univers des cowboys de St-Tite pas du tout, mais un beau, un maudit petit voyage de papilles.

Labrosse You had Me at Merlot Quadruple Belge 10%

lyhmamLa cote OO : C

Bière sucrée + raisin sucré = sucré.  Trop.

Même pour une quadruple, c’est une belge qui en impose visuellement avec sa couleur très foncée et teintée de rouge; c’est peut-être le mot Merlot dans le titre mais c’est comme si on s’attendait à y trouver du gros raisin charnu.  Sans totalement être dénué de raisin, c’est un nez d’orge caramélisé qui se profile, camouflant ce qui semble être réservé pour les papilles.  Celles-ci seront récompensées par la même orge, pas trop sucré pour une belge, pas loin de la stout même.  Or, sur le bout de la langue l’astrigence est détectable et on ne sait toujours pas ce qui résultera.  On profitera donc de la finale, plus fidèle au style tout en présentant un peu plus de levures que dans la plupart des belges et finalement, après plusieurs gorgées, un indéniable moût de vin, qui finit par être trop lourd.  Valant certes la peine d’être bue un peu plus chaude pour en tirer toutes les subtilités du grain et du raisin, bien qu’adéquate même si trop costaude, ce n’est pas celle que je recommanderais en premier chez Labrosse.

Allagash (Portland ME) River Trip Belgian-style session ale 4.8%

artUn style pas souvent rencontré… comment réconcilier le style habituellement lourd de la belge avec la légèreté de la session?

La cote OO : B

Voluptuosité et simplicité.

Régulière au visuel, tout comme au nez citronné et à odeur de blé non subtile.  En bouche, c’est une blanche de blé un peu plus éthérée que la moyenne mais aussi plus houblonnée sans être amère.  La finale est à saveur de coriandre, de plus en plus profonde, autant l’épice que la fine herbe.  Simple certes – et c’est probablement le but – c’est un tour de ponton sur une rivière plutôt tranquille qui se prend sans grandes tergiversations.  Le terme de session est souvent exploité dans le mondes des india pale ales mais ça ne veut pas dire qu’Allagash ne peut pas le prendre pour ses bières belges.