Le Corsaire Oreille de Crisse Ambrée à l’érable (revisite avril 2021) 6.5%

Cote OO : B+

Parce qu’il y a des cabanes à sucre à Lévis aussi.

Belle robe entre le rouge et l’orange, la partie ambrée est certes bien atteinte tandis que le nez sait bien unir feuilles brûlées et sirop.  C’est assez lourd mais printanier de toute façon.  En bouche on soupçonne soit du thé Lapsang Souchong au bois de cèdre ou alors du bois de pommier à la Schlenkerla.  Côté finale, c’est le grain de la Schlenkerla mais sans la lourdeur de celle-ci, des oreilles de crisse et non du bacon en fait.  Au final elle me fait penser à la Charbonnière de Dieu du Ciel!.mais en version cabane à sucre, ça fait donc bière de gars de bois qui n’ont pas peur des calories, et une belle visite à chaque fois. 

Frampton Brasse Nuit d’Automne Bière brune extra forte vieillie 2 ans en cellier 10%

Cote OO : B+

Dans les bonnes conditions.

Probablement que c’est le séjour en cellier de 24 mois qui a un peu abasourdit sa mousse car bien fuyante, pour rapidement laisser les effluves de malt, de caramel, et d’alcool qui fait bien les 10%.  En fait, un nez parfait quand on veut bien malté.  La bouche est un peu molle et le toffee ainsi que le caramel mettent plusieurs secondes à se présenter, puis à force de la garder environ 30 secondes en bouche, on ajoute un petit côté noix de grenoble pas moche du tout.  Comme la force de cette bière a toujours été dans sa finale, le buveur patient sera content d’apprendre qu’elle est toujours aussi élégante, très ample de chocolat et de moka, et qui donne même l’impression, par son haut taux d’alcool, de sherry assez clair.  Dans quelle condition avait été l’édition précédemment goûtée (https://orgeoverdose.com/2018/10/19/frampton-brasse-nuit-dautomne-vieillie-un-an-en-epicerie-et-18-mois-en-cellier-10/)   on ne sait pas, mais avec un 24 mois « regulier » en cellier, c’est une bière élégante et de contemplation.

À la Fût British à l’érable Brune aux noix et à l’érable (revisite Mars 2021) 4.1%

Cote OO : B

De la belle visite anglaise.

Le parfum de la nut brown est l’une des signatures olfactives des plus incontournables.  Et s’il y a un parfum qui fait bien avec la noix, c’est bien l’érable, plutôt boisée que sirupeuse.  Dans cette brune qui n’a de léger que le pourcentage d’alcool, l’orge se baigne bien au-dessus des papilles tout comme la noix de grenoble qui vient de plonger du deck (de bois d’érable évidemment).  La finale voit de son côté  le sirop et l’eau d’érable triompher en sortie, sortie des plus habiles et douce d’ailleurs, qui serait parfaite pour la boite de repas de cabane en ce printemps 2021.  Rien de manqué et bâtie sur une bonne base, une british dans les règles de l’art québécois.

Microbrasserie de Charlevoix Dominus Vobiscum Double (Revisite) 8% 18 IBUs

Cote OO : A-

La messe de Noël; même si vous n’êtes pas pratiquant ça peut rester un très solennel spectacle.  

Le Classique belge québécois avec un C en majuscule, toujours aussi foncé d’un très joli acajou par rapport a son frère triple.  Fortement épicée, on flirte avec la bière de noël ou de garde, spécialement que le sucre candi semble en faible proportion.  Hyper lourde – sans surprise, on y va de grands élans muscade et de cannelle, pas autant qu’en finale ou le caramel du grain et la boulange du sucre candi arrondi le tout.  C’est d’ailleurs dans cette finale qu’on a le plus de plaisir, et que l’on est rappelé que les Dominus Vobiscum (la version double au minimum) garde toujours sa majuscule, spécialement lorsque rebue avec un ou deux milliers de bières de plus.

Albion L’Ancêtre Porter Moderne 5% (revisite 16 octobre 2020)

Cote OO : A

Vive la nudité.

Comment réussir son porter?  Faut que ça sente.  Comme celui-ci de l’Albion, peut-être donc des maîtres des bières anglaises au Québec.  On est donc accueillit par le grain, le grain et le grain, un peu de raisin sur le bord de l’impériale russe qui aurait emprunté le côté épicé du porter.  La finale est encore plus dans le grain, avoisinant la cacahuète par moment.  Un merveilleux porter quoi, hyper simple, mais qui ne cache rien.  Ou en montre beaucoup.  Ou les deux.  Merci Albion, tout un show.

L’Alchimiste Écossaise (revisite 2020) 5.5%

aeMis à part quelques vieilles bouteilles de fonds d’étage de dépanneur, il faisait longtemps qu’on avait pas remarqué de bouteille de la Joliettoise.  En espérant que les nouveaux proprios ont su insuffler une nouvelle passion qui semblait manquer ces dernières années…

La cote OO : B

Au royaume de l’excès la personne normale doit aussi être appréciée.

« Posée » résume bien autant le visuel brun neutre, la mousse plus ou moins généreuse et le nez d’orge caramélisé de cette Écossaise qui pour l’instant, ne semble pas être plus originale que son nom.  Le grain se veut un peu plus lourd sur les papilles, et le sucre bien retenu, laissant même passer certaines notes de cola.  La finale est malheureusement un peu trop aqueuse mais le goût (qui s’intensifie après la seconde gorgée) et juste, précis, et apporte un très bel équilibre à l’ensemble.  Est-ce que c’est vers ce genre de précision que la nouvelle équipe de l’Alchimiste se dirige, il faudra attendre pour le dire, mais le choix de scotch ale pour montrer un tel contrôle est assez judicieux, et en fait une scotch ale légère qu’on boira assez rapidement merci.

L’Esprit de Clocher : la bataille des Capitaines (Le Vent du Large Février 2019 vs Avril 2020) 3.8%

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Pas de la condensation, mais vraiment plus opaque que la vieille édition.

Un an plus tard, le Capitaine reprend le large, mais à quoi ressemble le bateau de celui qui a passé un an et des poussières en cellier?

Première différence marquante : l’instant de prendre la photo, d’une édition vieillie plus moussante et limpide l’odeur semble trappée sous la surface et elle semble beaucoup plus salée.  Probablement parce que le houblon Sorachi Ace a coulé par le fond avec les mois de vieillissement.  Quant à l’aspect plus laiteux de cette bière sûre, on le trouve beaucoup plus facilement dans la version jeune.

En bouche l’aînée est plus sèche que la cadette et moins salée que son nez laissait présager.  Moins goûteuse que par les souvenirs aussi, on passe donc à la plus jeune moins cinglante, plus salée mais aussi plus vivante de son houblon qui amène une touche de petites fleurs blanches en sortie.  La seconde gorgée sera donc fatidique au jugement de la version vieillie : le long séjour en cellier n’a pas été des plus bénéfiques – il fallait peut-être s’y attendre avec ce type de bière et ce taux d’alcool aussi.

Constat finale?  Ne pas la laisser vieillir.  La meilleure pêche est faite directement sorti du port.  Et pour ce qui est la plus jeune, c’est une bière digestive parfaite à la suite d’un lourd repas, qui nous fait aimer les bières légères et où la simplicité l’emporte.

Le Presbytère Fond de Tonne II Blend de Porter Baltique et Rousse vieillie 8 mois en fût de Scotch Laphroaïg lot #148 (revisite) 8.5%

pfdt2Bien que très bien, le fond de tonne avec porter baltique m’avait laissé un peu de recul versus la version « rousse seule ».  Il faut néanmoins conclure à nouveau pour être sur… pas nécessairement un mal, l’édition avec porter baltique quoique moins bonne est certes très valable.

La cote OO : B

La magie est  brisée mais pas le bon goût.

Moins senteuse que leur Marche Impériale, le moka est au rendez-vous, d’abord chocolaté puis franchement vanillé (malgré que le séjour est en fût de Laphroaig, vraisemblablement en fût de seconde main de bourbon auparavant).  À la gustative, elle apporte le raisin rouge de certaines porter, mais pas assez de malt à la rousse.  Le Laphroaig, avant la finale, est plutôt tranquille, mais sort… en sortie… de manière plus distinguée et plus maîtrisé que les bières en finition de Laphroaig habituel (par exemple, celles de la Brasserie Générale).  Une bonne sortie du Presbytère, mais pas autant que leurs versions plus simples, à savoir leur Rousse des Islays et Marche Impériale.

Big Slide Brewery (Lake Placid NY) Giant Double IPA 8.3% 83 IBUs (revisite 2020)

bsbgiLa cote OO : B

Géant dans le politiquement correct, à la limite de l’hypergigantisme.

Si à l’époque je n’avais été impressionné, le nez aussi verte qu’orange – aussi cocotte de houblon qu’un mélange pamplemousse-line – déclare d’emblée : oui, une IPA.  Avec une bonne colonne de malt et une forte tenue au nez que seulement une double IPA peut apporter.  La bouche s’installe confortablement avec un brin de malt mielleuse, mais derrière la langue l’amertume semble  faire son nid.  Elle couve d’ailleurs confortablement son houblon en finale, à une hauteur d’amertume juste entre élevée et « amère pour le trip d’être amère ».  Par contre, elle gagnera un peu en réchauffant et sans parler d’une bière pour gagner des concours (elle serait la meilleur double de l’État de New York en 2017), on peut dire qu’elle est joyeusement ronde et bien faite.

Lake Placid Pub and Brewery (Lake Placid NY) Ubu Ale 7% (revisite)

ubu_revisiteIl serait inutile (et frauduleux) de ne pas le dire: Lake Placid Pub and Brewery garde une place spéciale dans mon cœur, et leur bière phare, la UBU ale, garde une peu la même chose.  L’exercice de la regouter en growler (donc pas produite à Ithaca pour l’embouteillage mais bel et bien au 3e étage du pub du village olympique) en est un où la subjectivité sera le principal but à atteindre.

La cote OO : B+

Leçon de céréale, english-style.

Bien couverte par la mousse, la couleur bien foncée mais pas toute à faite opaque peut encore attiser la curiosité du néophyte en ce qui touche le style « english strong ale » assez populaire dans le nord de l’état de New York et la région des Finger Lakes.  Le nez est hyper malté à la manière des scotch ales, le caramel en moins.  Pour ce qui est de l’orge, il fait sans contredit très anglais et s’étire longuement à l’olfactive, tandis que sur les papilles, elle s’incruste profondément et avec juste ce qu’il faut de belle chaleur.  La finale est presque liquoreuse, mais revient sur l’orge et des houblons qui font ressortir de l’amertume à la manière d’un pale ale qui aurait traîné un peu longtemps en Écosse.  La meilleure de Lake Placid Pub and Brewery?  Non, mais celle que je dois regouter à chaque fois et 100% objectivement, à défaut de dire qu’elle se trouve dans le top 10 américain de quiconque, elle devrait faire partie des « must » pour ceux qui s’intéressent aux bières fortes anglaises.